A ma mère

Oui je sais on fait le jeune homme,

Mais même quand on est un homme,

On a toujours besoin souvent,

De sa maman bien tendrement.

Je pleins ceux qui n’ont pas comme moi,

Une maman telle que toi.

Je plains ceux qui n’ont pas gouté,

Une vie splendide d’enfant gâté.

Oh ! que je voudrais me punir,

Parfois de t’avoir fait souffrir.

Enfant égoïste j’étais

Comme les autres,

Mais je t’aimais.

Maintenant je t’aime encore plus,

Tu es ma maman et bien plus.

Lorsque je vois tes yeux pleurer,

Je sens mon cœur se déchirer,

Et je voudrais éliminer

Celui qui t’a tant chagriné.

Oui je sais on peut se vanter,

D’être assez grand pour s’exiler,

Mais quand le soutien maternel,

Et les reproches habituels,

Ne sont plus là pour nous guider,

Alors on est désemparé.

Mon frère et moi nous te devons,

Maman, ce que nous possédons,

Intelligence, éducation,

Politesse et circonspection.

Quant nous avons de gros chagrins,

Et que personne n’y peut rien,

Tu es là pour tout arranger,

Toi seule peut nous consoler,

Ton dévouement est exemplaire,

Il est celui de peu de mère.

Mon frère qui a fait un grand bond

Vers un chemin un peu fécond,

Te dois beaucoup pour ses loupiots,

Que tu as vu naître, en un mot.

Oui, je sais on dit oh ! là là

Elle m’ennuie avec ses choses là,

Je suis assez grand maintenant,

Pour me débrouiller aisément,

Mais même quant on à vingt ans,

On est toujours comme à cinq ans,

Et si l’on suivait les conseils,

D’un cœur de maman sans pareil,

On éviterait de faire souvent,

Les grosses bêtises du moment.

Ton sacrifice tu sais maman,

C’est le plus beau de tous romans,

C’est un livre qu’on aime à relire,

Une vie qu’on se plait à décrire.

Toi tu t’es toujours inquiétée,

De l’état de notre santé,

Quand Bernard devint militaire,

Tu as eu tellement à faire,

Avec les lettres et les colis,

Et tous les autres cruels soucis.

Maintenant je suis collégien,

Et sans toi je ne pourrais rien

Car tous les dimanches en partant,

J’en oublierais toujours autant.

J’arrête ici ma plaidoirie,

Car il faudrait toute ma vie,

Et bien plus pour décrire la tienne,

Qui n’est que privations humaines.

Oh ! ma petite maman chérie,

Si un jour je désobéi,

Pardonne moi je t’en supplie,

Car ainsi est faîte la vie.

Pourtant ça je peux te jurer,

Que je t’ai toujours adorée,

Et tout le temps que je vivrai,

Je jure que je protégerai,

Ma chère petite maman chérie,

Et papa que j’aime bien aussi.

Pensez- y vous, jeunes bambins,

Vous que votre maman aime bien,

Pour ce qui est la vie sur terre,

Il n’y a rien de mieux qu’une mère.

Ecrit à Orléans BF le 24 mars 1955 17 ans

Amour, amour, amour,

D’où vient donc cette route ?quelle est sa destinée ?

Je l’ignore come vous, mais il me faut l’aimer,

Elle traverse un village encore plus qu’adoré,

Et je l’ai parcouru plus d’une fois par journée.

Oui mon humble village, oui mon clocher radieux,

Toi qui reste et demeure l’oeuvre de nos aïeux,

Je le répète encore dans ses vers harmonieux,

Je t’aime follement d’un amour orgueilleux.

L’amour d’un village n’est ce pas un grand amour ?

Plus que l’amour du sexe, il dure pour toujours.

Vous aimez une femme, puis vous l’abandonnez,

Ou alors c’est l’inverse, elle vous a délaissé.

Vous étiez unis par ce grand sentiment,

Que Dieu notre seigneur offre à tous en naissant,

Vous vous imaginiez les mots invulnérables,

Lancés éperdument dans l’étreinte délectable.

Dans les bras d’une femme, dont le corps de déesse,

Frémis sous vos baisers et vos humbles promesses,

Vous pensiez que nul être, nulle chose, sur cette terre,

Ne pourrait sans votre ordre, pouvoir vous en soustraire.

Cependant sans amour, à quoi rime la vie,

Ce soir dans mon cafard, je pense à mon amie,

Je revois son visage, ses cheveux ondoyants,

Sa poitrine haute et fière, son corps si excitant.

Que je voudrais ce soir le serrer sur mon cœur,

Ce corps qui tant de fois a frémi de bonheur,

Que je voudrais baiser cette bouche attirante,

Qui offre les plaisirs d’une étreinte vivifiante.

Ou es tu mon amour ? toi mon ange et ma vie,

Toi qui reste et demeure la source de tant d’envies,

Toi qui de mon cafard ferait un grand bonheur,

Ou qui de ton pouvoir ensanglanterait mon cœur.

Que je regrette le temps de ma divine jeunesse,

Ou la raison de vivre n’est pas pour les maîtresses.

Mais ainsi va la vie, elle n’est pas toujours bonne,

Mais soucis et bonheurs la rendent moins monotone.

Ecrit à Orléans BF le 18 mars 1955 17 ans

 

Chantecoq

 

Chantecoq, tu es pour moi les trois quarts de la terre,

Tu es pour moi comme un lieu salutaire,

Et quant je vois ton clocher et ton coq,

Je m’écris au vraiment que je t’aime Chantecoq.

Quant après un mois d’un triste et dur exil,

Je revois tes maisons, leurs positions habiles,

Je sens en moi comme une douce caresse,

Qu’un amant accablé aurait de sa maitresse.

Quant par les vitres du car je ressens ta présence,

Après un long moment et une dure absence,

Je veux revivre en moi mes plus belles années,

Mais je me dis passons tout cela est fané.

Mais quant le soir arrive, je revois ma maison,

Et je voudrais crier sans rime ni raison,

Pour montrer mon amour à ce petit village,

Qui pour moi je répète est tout mon plus jeune âge.

Je me revois encore, courant de par les champs,

En jouant aux indiens ou aux grands commandants,

Je me revois aussi, pistolets à la main,

Jouant le fier voleur, le bandit de grands chemins.

Tout cela est passé, mais tout est bien resté,

Dans mon âme ce joyeux souvenir est fermement ancré.

Enfin dans mon village, et ça c’est important,

C’est là que sont restés mes très chers parents,

Mon frère et sa famille qui y habitent aussi,

Dans la maison commune qui nous a réunis.

C’est donc là que plus tard je veux finir mes jours,

Dans mon petit village aux délicieux contours.

Je ne suis pas poète et non plus écrivain

Mais c’est dans mon amour que pousse l’alexandrin.

Ecrit à Orléans BF en 1953 à 15 ans

Printemps

L’hiver austère nous quitte enfin,

Pâques est passé, noël est loin,

Le printemps mugit sous nos pas,

Et lance vers nous mille appâts,

La nature dans tous ses ébats

Nous livre son air d’apparat.

La nuit le ciel est merveilleux ,

Resplendissant de mille feux,

Aux hasards des constellations,

Nos yeux admirent à l’unisson

Un spectacle si éblouissant,

Qu’il n’admet aucune ressemblance.

Voici venir le mois de mai,

Et la cueillette du muguet,

L’amour se réveille soudain,

Et les amants dans tous les coins,

S’aiment du soir au matin,

Baisers puérils ou de venin,

Etreintes, amour sans lendemain,

Cœurs brisés qui un beau matin,

Quittent la terre et les humains,

C’est le bon remède aux chagrins.

Rendez vous sous un clair de lune,

Ou une espérance s’allume,

Ou les promesses et les grands mots,

Lancent vers nous leurs plus grands flots,

Ou les mains s’égarent parfois,

En des régions remplies de joie,

Ou le cœur semble s’arrêter,

Sous un baiser tant recherché.

Oui, c’est le moment ou jamais,

Parlons d’amour au mois de mai,

Aimons nous gouttons au bonheur,

Que nous réclame nos deux cœurs,

N’exceptons pas un rendez vous,

Adorons nous, embrassons nous,

Une femme sur les genoux,

Laissons la vie couler tout doux.

Seulement approche le mois de juin,

Et avec lui les examens,

Travaillons donc avec entrain,

Pour acquérir notre gagne pain.

Ecrit à Orléans BF le 24/04/1955 17 ans

 

Femmes

Amour que tu me fais souffrir,

Plus j’aime et plus je veux mourir,

Ah ! femmes vous êtes toute ma vie,

Sans vous vivre est un grand ennui,

Plus que les sept merveilles du monde,

Plus que toutes beautés à la ronde,

Vous êtes bien mieux que tout cela

Vous êtes le paradis voilà.

Pour vous l’homme devient un esclave,

Sans vous il n’est plus qu’une épave,

Les plus durs deviennent bientôt tendres,

Quand votre voix ils veulent entendre,

Ce sont des faibles à vos genoux

Mais ils vous aiment un point c’est tout,

Une seule parole et c’est fini,

Vous pouvez leur briser la vie,

Ou alors c’est le commencement,

De leur plus beau rêve d’amant,

Avoir ce que désire tout homme,

Le bonheur sous toutes ses formes,

Parfois vous êtes douces et aimantes,

Parfois furieuses mais attirantes,

Vous savez, cela sans alarmes,

Pour notre envie montrer vos charmes,

C’est là que notre cœur trésaille,

Et qu’en nous gronde la bataille,

Dés lors nous sommes comme des fous,

Qu’un seul geste venant de vous,

Rend fou furieux ou malheureux,

Que n’ferions nous pas pour vos yeux.

Quant vous désirez un manteau,

En vison ou poils de chameaux,

Vous avez l’art et la sagesse,

De nous indiquez que ça presse,

Et que sans cet unique achat,

Et tous les autres qu’on ne compte pas,

Vous n’serez plus la jolie femme,

Pour laquelle brûle notre flamme,

Alors conquis par votre voix,

On accepte une dernière fois,

En criant maintenant c’est fini,

Je ne possède plus un radis,

Et le soir en sautant au lit,

En pensant que l’on est samedi,

On dit à sa charmante compagne,

Demain on va à la campagne,

Mais la belle avec sympathie,

Refuse, prêchant l’économie,

Un baiser vient tout arranger,

Demain nous irons au ciné.

E c’est ainsi toute la semaine,

Pour celui que sa femme aime.

Ecrit à Orléans BF le 03/05/1955

 

 

Les yeux

Les yeux se sont les messagers

De la tristesse ou de la joie

Et pour ceux qui veulent s’aimer

De l’abandon ou de la foi

Les yeux expriment rapidement

La passion et même la haine

La gaité ou le tourment

L’allégresse ou bien la peine

Les yeux offrent les premiers pas

De l’amour naissant dans les cœurs

Si les yeux parfois ne voyaient pas

Il y aurait moins de malheur

Un regard équivaut souvent

Quelque soit les yeux qui le lancent

A des paroles ou des serments

Marquant plus ou moins l’éloquence

Ecrit à Orléans BF 1955

 

Mon village

Il s’élève fièrement sur un coteau pimpant,

A ses pieds verdoyants coule un ruisseau d’argent,

Son coq et son clocher aux ardoises ternies

Le domine en son sein comme une mère amie.

Il pleure sous la pluie mais rie sous le soleil,

Il chante le matin après un long sommeil,

Il sourit à la lune dans les nuits étoilées,

Mais il a bien pleuré pour sa patrie blessée.

Son domaine s’étend, sa famille s’agrandie,

Et avec tout cela il est mon paradis.

En été les touristes se gavent de ses sites,

Et les habiles pêcheurs s’escriment avec les truites,

Dont la rivière foisonne et que les fins gourmets

Apprécient désormais comme un excellent mets.

En hiver sous la bise aigre de décembre,

Il semble abandonné, tremblant de tous ses membres,

Prudemment il attend fébrile le renouveau,

Et l’instant si rêvé des moments les plus beaux.

Son domaine boisé de chasse et ses frontières

A pu pendant longtemps garnir les gibecières

Des chasseurs émérites parcourant le terrain,

Maintenant habité que par quelques lapins.

Que j’aime vagabonder au hasard des chemins,

Ou parcourir les bois comme ce bon vieux robin.

Quand par les nuits d’été du versant opposé,

J’admire dans le soir le coteau pavoisé,

De lumières scintillantes, je me mets à rêver

Aux splendides chalets que j’aimerais habiter.

Bien sur me direz vous il en est de plus beaux,

Les villages se ressemblent, comme de vrais jumeaux,

Mais tout comme un enfant n’a jamais qu’une mère,

Moi je n’ai qu’un village ici bas sur la terre.

A Orléans BF le 15/02/1955

Partie de pêche

Le soleil déclinait et derrière le coteau,

Un nuage empourpré éblouissait les yeux,

Tout là haut dans l’azur resplendissaient les cieux,

Et les poissons d’argent se faufilaient dans l’eau.

L’air était chaud, pas un souffle n’effleurait les feuilles

Des peupliers géants qu’emportait la rivière, 

Et le saule plaintif oubliait ses prières,

Cette journée d’été resplendissait d’orgueil.

 

Oubliant là ma ligne, j’allai cueillir des fleurs,

De luisants boutons d’or et des bleuets sauvages,

J’admirais un instant l’éclat de mon village,

Et soudain je sentis en moi vibrer mon cœur.

Dans cette longue herbe verte sentant bon le jasmin ?

Tu étais là, couchée, les mains sur la poitrine

Et sortant gentiment de ta robe bleue marine,

Ton jupon rose clair m’invitait l’air malin.

Moi je n’osai bouger, de peur de t’éveiller,

Tes seins menaient la danse d’une ronde cruelle,

Et mon cœur palpita de te sentir si belle

Tes cheveux bons lustrés te servaient d’oreiller.

M’agenouillant enfin, j’osai poser ma main,

Sur ton épaule nue que je vis frissonner,

Tu entrouvris les yeux et puis sans t’étonner

Tu m’attiras à toi, m’écrasant sur tes seins.

Mon corps vibrait de joie, d’amour et de délices,

Et sur ta bouche avide je volais un baiser,

Sur l’herbe tout à côté vint soudain se poser,

Ta robe et tes effets dévoilant notre vice.

Toute nue dans mes bras tu frémis un instant,

Je cachais sur mon corps, par pudeur enfantine,

Tout ce que du costume d’épove l’on devine,

Je réchauffais ce corps par des baisers brûlants.

 

 

Le ciel s’assombrissait, je te serrais plus fort,

Et avide d’amour, j’entrais avec délice,

Dans cet antre de feu, que dévoilaient tes cuisses

Enfin dans la nuit brune j’abandonnais ton corps.

Ecrit à Orléans BF 19/5/1955

attention ci-dessous poème de Maurice Collumeau

Quand vous venez du côté Sud pour descendre à CHANTECOQ

Par un beau matin clair sous un soleil d’été

Respirant les parfums que la brise vous apporte

Du haut de la colline avez-vous remarqué?

Comme une belle assise au bord de la rivière

Dont les toits bigarrés semblent former la toque

Parmi les peupliers, les aulnes au feuillage vert

Voilà comment vous apparaît CHANTECOQ

Descendez la vallée et vous y trouverez

Son stade tout blanc tranchant dans la verdure

Les grands arbres qui l’ombragent et qui semblent narguer

Ces piquets minuscules qui leur sert de ceinture

Les jardins fleuris inondés de soleil

Les fleurs et les murs, tout s’unit, se confond

Et présente à vos yeux comme une immense corbeille

Ou les hommes et la nature y ont mit tous les tons

Visitez le village, il est simple mais coquet

S’il n’a pas de chefs d’œuvres pour charmer vos yeux

Il détient en revanche, des trésors ignorés

Qui possèdent le pouvoir de vous rendre joyeux

C’est l’ambiance qui vous prend, qui vous anime

C’est l’air pur que l’on respire en flânant dans les rues

C’est l’instant ou l’on mange sa bonne cuisine

Préparée avec soins, arrosés de bons crus

Quand le jour s’achève à l’heure du couchant

Aux abords du stade, allez vous assoir

Vous y gouterez un calme reposant

Et pourrez contempler CHANTECOQ quand vient le soir

Le cœur allégé et l’esprit reposé

On sent monter en soi un bien être infini

Ce qui fait regretter de ne pouvoir rester

Sur ce coin si charmant et plein de poésie

Un poète y rêvant, composerait des merveilles

Inspiré par la splendeur d’un beau soir de printemps

Sous sa plume naitraient des poèmes sans pareils

Capables de troubler tous les cœurs de vingt ans

Passez un dimanche et vous y reviendrez

Une chanson aux lèvres et le cœur plein d’espoir

Attiré par son charme et sa franche gaité

C’est pourquoi à CHANTECOQ, on ne se dit qu’au revoir

 

 

Maurice COLLUMEAU